Edito : L’éthique, clé de voûte du droit des affaires en Afrique

Tarik LAKSSIMI

Agrégé des facultés de droit

Professeur à l’université Lumière Lyon 2

Chef du département recherche de l’ENM – Paris

 

Dans un contexte mondial en constante évolution, où les enjeux économiques et sociaux s’entrelacent avec une complexité sans précédent, l’éthique en droit des affaires s’affirme comme un pilier incontournable, particulièrement sur le continent africain. Au-delà de la simple conformité légale, il s’agit désormais d’ancrer profondément les valeurs éthiques au cœur des pratiques commerciales, répondant ainsi aux défis spécifiques que pose le paysage socio-économique africain.

L’éthique, loin d’être un concept abstrait, constitue le socle sur lequel repose la confiance entre les acteurs économiques, les institutions et les citoyens. Dans le contexte africain, où les traditions et les normes sociales façonnent souvent les cadres juridiques, l’intégration de l’éthique dans la sphère des affaires devient non seulement souhaitable, mais indispensable pour garantir la légitimité et la pérennité des entreprises.

Le droit OHADA, pierre angulaire du développement économique régional, vise à créer un environnement juridique harmonisé et propice aux affaires. Cependant, pour que ce cadre atteigne pleinement son potentiel, il doit s’appuyer sur des principes éthiques robustes qui dépassent les simples obligations légales. Les entreprises opérant sous l’égide de l’OHADA sont appelées à non seulement poursuivre des objectifs de rentabilité, mais aussi à endosser pleinement leur responsabilité sociale, à préserver l’environnement et à contribuer activement au bien-être des communautés qu’elles servent.

Cette approche éthique implique parfois une refonte profonde de la gouvernance d’entreprise. Il ne s’agit plus simplement de se conformer aux règles existantes, mais de participer activement à leur élaboration et à leur évolution continue. Ce numéro de la Revue Africaine de Droit des Affaires se penche précisément sur ces enjeux cruciaux, abordant des thématiques aussi diverses que fondamentales : la probité des débiteurs, la loyauté en droit bancaire, le devoir de vigilance des entreprises, ainsi que le rôle crucial de l’éthique dans les procédures collectives et la protection des droits des salariés.

Loin d’être une contrainte, l’éthique représente une opportunité inestimable pour les entreprises africaines de se distinguer sur la scène internationale. En adoptant des pratiques éthiques, elles peuvent non seulement éviter les pièges du court-termisme, mais aussi construire une réputation solide, attirer des investissements durables et jouer un rôle moteur dans le développement socio-économique de leurs pays respectifs.

En définitive, l’éthique en droit des affaires en Afrique ne devrait pas être une option, mais un impératif qui exige une prise de conscience et une action collective. Entreprises, régulateurs et législateurs doivent unir leurs efforts pour façonner un environnement où les affaires prospèrent non pas malgré l’éthique, mais grâce à elle. C’est à ce défi ambitieux, mais essentiel, que ce numéro de la Revue Africaine de Droit des Affaires entend apporter sa pierre, en offrant des perspectives et des pistes de réflexion pour l’avenir du droit des affaires sur le continent africain.

Dans un monde où les enjeux économiques se conjuguent de plus en plus avec les impératifs de durabilité et de responsabilité sociale, l’Afrique a l’opportunité de développer un modèle de droit des affaires où l’éthique n’est pas une contrainte, mais le moteur même de la croissance et du progrès. C’est à cette vision ambitieuse et nécessaire que les pages de ce numéro spécial invitent à réfléchir.

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